Ken Follett est, je cite Wikipédia, « est un écrivain gallois spécialisé dans les romans […] historiques ». C’est la première ligne de l’article.
Deux paragraphes plus loin : « Plusieurs caractéristiques expliquent l’efficacité des romans historiques de Ken Follett : La qualité de la documentation historique réunie pour chaque roman. L’auteur remercie d’ailleurs les documentalistes qui ont collationné ces documents. » Sauf si quelque intelligence émergente se manifeste, vous pouvez trouver cette description sur Wikipédia.
Prenons le roman historique « La Marque de Windfield », de Ken Follett, écrit en 1993 et publié en France en 1994 par les éditions Laffont. Je vous livre ici la fin du deuxième paragraphe de la première page :
« De l’autre côté de la table, son compagnon de chambre, Edward Pilaster, leva le nez d’un livre d’exercices latins. Il recopiait la traduction faite par Micky d’une page de Plutarque. Il braqua sur la page un doigt taché d’encre en disant : « Je n’arrive pas à lire ce mot-là. »
Micky regarda. » Décapité, dit-il. Ça se dit pareil en latin : decapitare. » Micky trouvait le latin facile [..] » et je vous épargne la suite.
C’est bien, de faire référence à Plutarque dès la première page de son roman. La pensée de ce brillant historien éclaire de son génie la prose de l’auteur qui l’invoque, chose qui ne peut échapper à M. Follett, licencié de philosophie.
C’est mal, de faire faire des syncopes à mon épouse. Je m’explique, le temps de préparer le défibrillateur :
On parle ici d’exercices latins. On traduit une page de Plutarque, qui contient le mot latin decapitare. Il est aussi probable qu’une page de Plutarque contienne le mot decapitare que de trouver « Ken Follett » dans une page de Cicéron. Car ce qui fait sortir les allumettes à ma douce épouse (pour brûler le livre), c’est que M. Follett, auteur à succès de romans historiques, licencié en philosophie, ignore que Plutarque écrivit en son temps et en grec. En grec. Pas en latin, ni en austro-maltèque. En grec. Plutarque est un auteur grec, citoyen romain certes mais d’expression grecque, utilisant l’alphabet grec et non latin. Ce qui me consterne, c’est que ni M. Follett, ni ses relecteurs, ni son traducteur, ni ses éditeurs n’ont relevé cette grossière erreur présente dans la première page. Aujourd’hui, en 1993 et même en 1866, date des faits, il est aussi con de faire des exercices de latin sur du Plutarque que de travailler l’anglais avec Goethe.