La vie c’est monotone

Il y a des gens qui, j’en suis sûr, rentrent chez eux après une dure journée de boulot. Ils quittent le travail, montent dans leur voiture, arrivent jusqu’à chez eux, passent prendre le courrier et s’assoient dans un canapé confortable un thé à la main.

Si c’est vous, je vous envie. Nantis.

Parce que dans la vraie vie, voilà comment les choses se passent. Après une rude journée de boulot, j’abandonne en disant que ça attendra demain, je n’en peux plus. Je monte dans ma voiture, j’ai confiance la batterie est neuve. Les pompiers passent, toutes sirènes hurlantes. Je me mets sur le côté pour dégager le passage. Du coup je touche le trottoir, je crève. Je change la roue, j’arrive chez moi. Les plombs des communs ont sauté. Je monte chercher un balai à tâtons, je réenclenche le disjoncteur qu’un esprit supérieur a trouvé intelligent de placer à 3 mètres de haut dans un escalier. Ensuite je passe 10 minutes à décoincer la serrure de la boîte aux lettres. Tout ça pour trouver une prune destinée à un autre esprit supérieur, ou peut-être le même, qui a décidé de faire une fausse plaque avec mon numéro d’immatriculation. Je découvre avec joie que la chasse d’eau fuit, ça manquait un peu d’ambiance. Je cherche un garagiste qui puisse changer les pneus sur une voiture hybride, apparemment c’est pas la même procédure que sur une voiture purement thermique. Les roues sont peut-être carrées, va savoir. Enfin, quand je dis que je cherche un garagiste… Je cherche d’abord à retrouver internet. Je redémarre la box, par pur réflexe, je descends dans l’armoire de répartition du quartier, y’a toujours cet esprit supérieur qui a décidé de débrancher quelques câbles dans cette armoire à la serrure pétée. Je trouve un garage. En congés. J’en trouve un autre, qui me propose un rendez-vous pour dans 3 mois, le temps de commander les pneus. On se croirait au temps de l’URSS. Pas étonnant qu’ils préfèrent les chenilles, s’il faut 3 mois pour avoir une paire de pneus. J’en trouve un à 1 heure de route. En région parisienne, c’est vrai que c’est compliqué d’avoir des pneus pour une citadine, c’est la cambrousse par ici, à part des 4×4, on trouve pas grand-chose…

Bon, je trouve un garagiste. Le 10ème pote que j’ai appelé pour raconter ma mésaventure me rappelle. C’est vrai que c’est surprenant, ce besoin de parler dans l’adversité. J’éprouve même le besoin de faire des phrases, c’est curieux. Enfin, c’est comme ça : je n’arrive jamais à avoir quelqu’un au téléphone à part ma mère. Je lui raconte (au pote, pas à ma mère) mes aventures, il se marre, se fout de moi, pendant ce temps-là j’essaie de payer. Carte bleue refusée.

22h30, je suis épuisé. Le courant n’a sauté que 4 fois ce soir, je m’estime heureux. Le garage avait une option pour payer sur place. Je suis sauvé. Pour peu qu’il accepte les chèques, bien entendu. Et qu’il ait bien compris que j’ai besoin de pneus 4 saisons, il serait fichu de me mettre des pneus été en décembre.