De l’élégance de la non-expérience

Je continue sur mes boules… sur mes masses tombantes, suite au déchaînement des foules sur le sujet (mes foules ne sont pas nombreuses). Et donc, faire tomber des boules de pétanque un peu partout est certainement très enrichissant pour le joueur de pétanque et assez mauvais pour les carrelages, mais c’est surtout totalement inutile.

Oui, mes bien chers frères, il ne sert strictement à rien de mobiliser la plus grande chambre à vide du monde pour expérimenter l’indépendance de la chute libre quant à la masse. Il est admirable que Galilée n’ait joué avec ses boules que pour le plaisir de jouer avec ses boules (et peut-être, d’espérer fendre quelques crânes de passants).

Car la physique n’est pas nécessairement une science expérimentale. En fait, on préfère ne pas expérimenter : ça coûte moins cher et les résultats sont plus forts s’ils sont démontrés. Aussi vous donné-je ce jour la démonstration sans expérience qu’une balle de tennis tombe à la même vitesse qu’une boule de pétanque. Bande de vernis.

Appelons une masse pesante A et une autre Béatrice. C’est une simple convention, je veux dire on s’en fout, on peut prendre n’importe quel nom, vous avez déjà fait des problèmes à l’école tout de même ? On prend masse (A) < masse (Béatrice). Typiquement, A =  belle de tennis, Béatrice = lourde de pétanque. A peu près. Bien. Si la chute dépend de la masse, Béatrice devrait arriver avant A si A et Béatrice sont lâchées de la même hauteur au même instant. En conséquence, appelons Couple le système composé de A et Béatrice attachées ensemble. Nous avons alors masse (Couple) > masse (Béatrice) > masse (A). Couple arrive au sol avant Béatrice. Or, dans ce système, A tombe moins vite que Béatrice. A devrait donc ralentir Béatrice, et Couple devrait arriver au sol après Béatrice. Deux conclusions contradictoires à partir de la même hypothèse, cette hypothèse est donc fausse : la masse n’a rien à voir là-dedans.

Merci, vous pouvez disposer.